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« Ce qui fait la différence, ce sont les gens » – entretien avec Luis Carbó, directeur général du BCAR

« Le grand enseignement que j’ai reçu est celui de la gestion de personnes et d’équipes. Nous avons tous un coût, ce qui fait la différence, ce sont les personnes. »

Luis Carbo est Directeur Général de BCAR.  Il est passionné par le monde de l’automobile et est convaincu que l’atout le plus important d’une entreprise sont les personnes qui la composent. « Ils sont le moteur d’une équipe », affirme-il. A 28 ans, on lui demande de diriger une usine de câbles en Normandie et, sans réfléchir, il accepte le défi. Plus tard et en raison de sa personnalité entrepreneuriale, il a décidé de fonder sa propre entreprise. Aujourd’hui, BCAR est présent dans 50 pays.

Luis parle 5 langues et est diplômé en Administration et Direction des Entreprises, Actuellement il suit un programme dédié a la Direction Générale d’entreprise à l’IESE Business School.

1. Comment évaluez-vous la situation dans le secteur automobile ? Pensez-vous que c’est un secteur qui connaîtra une reprise rapide, une fois la situation sanitaire stabilisée ?

Le secteur automobile a été, et continue d’être, l’un des plus compétitifs au monde et c’est pourquoi, je pense qu’il est nécessaire de faire la différence entre les véhicules neufs et d’occasion. Pour le nouveau véhicule, des « temps nouveaux» arrivent alors que le concept de propriété du véhicule change et changera encore plus.

Quant aux véhicules d’occasion et à leurs pièces détachées, comme dans toutes les crises majeures qui affectent le pouvoir d’achat des citoyens, je pense que de bonnes années arrivent en termes de volume, mais la pression sur les prix, exercée par consommateur final, va augmenter considérablement. Il est nécessaire de repenser les processus internes des entreprises pour être plus efficaces et pouvoir faire face à ces baisses de prix.

2. Pensez-vous que la grande révolution du secteur est encore à venir ou est-elle déjà là ?

À mon avis, le grand changement est encore à venir, bien que ça ne se fera pas du jour au lendemain, mais progressivement.

L’autonomie et la connectivité sont deux facteurs de plus en plus présents dans la création de nouveaux modèles de véhicule, non seulement de par les possibilités qu’elles offrent, mais aussi parce qu’ils améliorent grandement la sécurité des utilisateurs.

Selon une étude, presque 100% des nouveaux véhicules seront connectées en 2020, avec des services de divertissement, de communication et de navigation numérique. D’ici 2030, 70% des voitures circulant en Europe devraient être connectées. Cela ouvre un éventail d’options incroyable pour nous tous, les acteurs de l’Aftermarket. 

L’autonomie des batteries lithium-ion sera l’autre grande bataille qui se livrera dans les années à venir et concernera différentes caractéristiques du produit telles que la consommation, le poids, la durabilité, la maintenance, la recharge, et surtout, le coût de la batterie elle-même qui s’épuise d’année en année. N’oublions pas qu’elle représente le cout le plus le plus important d’un véhicule électrique.

3. Selon vous, quel rôle joueront le covoiturage et la micromobilité, et quel sera leur impact sur l’industrie automobile ?

Le concept de propriété d’un véhicule évolue et le covoiturage ou la micromobilité vont participer à la fois, à la diminution du nombre de véhicules, et à l’augmentation du nombre de kilomètres parcourus par les véhicules en circulation.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : l’utilisation du véhicule personnel est très faible : il est à l’arrêt environ 96% du temps et lorsqu’il est utilisé, on compte en moyenne 1,2 passager par véhicule. Pour les personnes qui conduisent moins de 15 000 km par an, passer au covoiturage peut représenter une économie en moyenne de 2 300 €.

De plus, avec l’intérêt croissant pour la sauvegarde de l’environnement, le covoiturage et ses déclinaisons, deviennent un parfait allié pour réduire les émissions de gaz.

Tout cela aura également un impact sur les pièces de rechange, puisque la gamme de références actuellement vendues, pourrait être diminuée du fait, qu’avec le covoiturage, le nombre de modèles en circulation tend à baisser. En revanche, pour les modèles les plus privilégiés, le volume de pièces de rechange montera en flèche.

« Le covoiturage peut provoquer une diminution de la variété de modèle en circulation, mais peut entrainer aussi une hausse de la demande en pièces de rechange pour les modèles les plus privilégiés ».

4. Que pensez-vous quand vous lisez qu’un géant comme Audi prévoit que d’ici 2025, les ventes de voitures électriques représenteront 25% de son CA ?

La voiture électrique est une option de plus, avec l’hybride, le GPL et l’hydrogène, ce dernier qui sera pour moi LA grande révolution. Le moteur à combustion moderne, quant à lui, son destin semble scellé… Je pense qu’à l’avenir, il y aura plus d’options et le client choisira celle qui lui convient le mieux.

« Je crois que la grande révolution dans le monde automobile sera l’hydrogène. À l’avenir, il y aura plus d’options et le client choisira celle qui lui convient le mieux. « 

5. Quelles sont les principales caractéristiques de l’ « Independant Aftermarket » aujourd’hui?

Dans l’Independent Aftermarket, je soulignerais deux caractéristiques : la mondialisation et le service.

C’est un secteur extrêmement mondialisé, nous verrons donc si la chaîne d’approvisionnement est redistribuée après l’expérience COVID, et c’est aussi un secteur très orienté au service, et à mon avis, parfois trop.

Il est nécessaire de repenser si une telle immédiateté est nécessaire lors de la livraison d’une pièce, car elle génère des coûts logistiques très élevés pour le distributeur alors que, comme je l’ai déjà dit, je pense que la pression sur les prix exercée par le client final sera de plus en plus forte.

6. Comment et quand est né BCAR?

BCAR est né en 2012, identifiant un manque d’offre de câbles de boîte de vitesse sur le marché de la rechange. Nous avons commencé avec une offre pour tous types de câbles car c’était mon domaine, mais nous avons vite compris que les câbles de boîte de vitesse étaient le créneau à exploiter. Aujourd’hui, nous les vendons dans 50 pays !

7. Quelle est la valeur différentielle que BCAR apporte au marché ?

Nous proposons une spécialisation dans des produits de niche qu’il est difficile de détecter pour nos clients. Nous leur proposons une gamme complète de ces produits et un service rapide (d’une qualité dont nous ne doutons jamais), les aidant ainsi à améliorer leur rentabilité.

Nous pensons que les grands distributeurs d’aujourd’hui ne peuvent plus se développer en vendant plus de pièces à chiffre d’affaires élevé, car ils les vendent presque toutes, ils ont besoin de nouvelles gammes et c’est notre rôle :  nous leur facilitons l’identification des gammes niches qu’ils peuvent rapidement ajouter à leur portefeuille de produits.

8. Quelles ont été les clés de la croissance de BCAR en si peu de temps?

Notre stratégie repose sur « peu de volume multiplié par de nombreux pays donne beaucoup de volume » et c’est ce que nous avons fait.

Nous sommes une entreprise 100% « Customer Focus », cela fait partie de notre ADN. Tout ce que nous faisons, nous le faisons en pensant à nos clients et plus ils sont exigeants, mieux c’est, car ce sont eux qui nous rendent meilleurs.

Nous avons conçu le catalogue de câbles de boîte de vitesse le plus complet du marché avec plus de 1 500 références, nous avons un niveau de service très élevé et nous avons réussi que nos clients considèrent BCAR comme un bon partenaire pour toute la gamme, sans avoir besoin de plus de sources pour ce produit.

Il y a deux ans, nous avons lancé notre deuxième produit, les télécommandes et coques de clé pour voiture, un autre créneau qui nous permet de diversifier nos ventes et qui a beaucoup de marge de croissance.

Jusqu’à présent, les ventes de ces produits étaient concentrées sur des canaux concurrents de l’IAM, tels que les concessionnaires officiels et les quincailleries ou serruriers, et avec BCAR nous avons réussi à fournir à nos clients un « nouveau » produit qu’ils n’avaient jusqu’à présent pas eu la possibilité de distribuer, comme nous l’avons fait avec les câbles de boîte de vitesse.

« Peu de volume multiplié par de nombreux pays donne beaucoup de volume. BCAR possède le catalogue de câbles de boîte de vitesse le plus complet du marché avec plus de 1 500 références. »

9. Quels sont les projets de BCAR concernant le marché de la rechange des véhicules électriques ?

Évidemment, nous ne pouvons ignorer le boom du véhicule électrique et, pour cette raison, les nouveaux produits que nous lancerons en 2021 et ceux que nous évaluerons pour l’avenir doivent être présents dans le véhicule électrique.

« Les nouveaux produits que nous allons lancer seront forcément présents dans le véhicule électrique. »

10. Comment définiriez-vous les valeurs et la culture de BCAR?

BCAR est une entreprise à l’esprit jeune, internationale et multiculturelle et nos valeurs sont le travail d’équipe, la passion pour ce que nous faisons, la confiance, l’adaptation au changement, l’humilité, l’originalité, la ponctualité et la gratitude envers l’équipe, les fournisseurs et les clients, pour le projet que nous construisons tous ensemble.

11. Quels sont les plus grands enseignements que vous ayez tirés dans le secteur automobile?

La voiture, comme je l’ai dit, est l’un des secteurs les plus compétitifs au monde et à ce titre, la négociation, la transparence des prix, la concurrence, la logistique « just in time », sont des apprentissages que je garderai de ce secteur auquel j’espère être lié pour encore de nombreuses années car je l’adore et j’en suis passionné.

J’aurai une mention spéciale pour les enseignements que j’ai tirés de la gestion des personnes et des équipes, qui fait vraiment la différence, apprendre avec eux, connaitre des échecs et des succès etc. On pourrait dire que c’est la cerise sur le gâteau « Aftermarket ».